Le Gobi
Le Gobi engendre des inconstances climatiques extrêmes qui font de cette immense zone commune à la Mongolie et à la Chine, l’une des régions désertiques les plus hostiles qui soient. Les tempêtes, subites et violentes peuvent bousculer des dunes gigantesques, noyer une vallée sous un déluge de sable ou dévaster un vallon bucolique avec un flot destructeur de neige et d’eau.
A la lisière nord de l’erg Khongoriin qui s’étend sur plus de cent kilomètres, des îlots de yourtes abritées derrière des forêts de saxaouls rosissent sous la lumière matinale comme des champignons posés à même la steppe.
La famille de Tsetsin a décidé de rester encore un mois sur les pâturages revigorés par les dernières pluies. Une aubaine pour le troupeau d’une centaine de bêtes émaciées. Toute sa fortune est là, avec un vieux camion russe au plateau couvert de fromages et une moto chinoise garés à l’écart.
Une tresse de fils électriques relie la yourte familiale à des panneaux solaires, une éolienne vrombit dans le lit du vent et une parabole est posée à même la terre.
Trois cents mètres au dessus du camp, la crête des dunes s’effiloche sous la brise thermique.
C’est l’heure de partir surveiller les troupeaux. Bien calé entre les deux bosses charnues de son chameau, Tsetin va arpenter les contreforts de l’erg à la recherche d’animaux égarés avant de revenir à sa yourte déguster le Khorkhog, le barbecue à la mongole. Un mouton découpé en gros morceaux cuits sur un lit de galets brûlants étalés dans un bidon de fer…